Colloque annuel de l’Association française de sciences sociales des religions (AFSR)
4 et 5 février 2013
EHESS Paris, Amphithéâtre François Furet (à confirmer)
105 bd Raspail Paris 6e
Au cours des années 1990, Internet s’est développé dans tous les champs de l’espace public et de la vie sociale. Chance jusque-là inégalée pour diffuser un message de manière quasi universelle (Lévy, 1994) ou mise en danger du lien social par un individualisme croissant (Breton, 2000), cette place grandissante du virtuel est évaluée par les sciences sociales positivement ou négativement selon les analyses qui y sont consacrées.
Si dans les premiers temps le web mettait à disposition des internautes des sites à consulter, nous sommes passés depuis quelques années à une deuxième phase beaucoup plus interactive, où l’usager prend lui aussi la parole à travers les forums et les réseaux sociaux et peut interagir sur des sites de reproduction virtuelle du monde réel (second life).
Le religieux participe de cette évolution. En effet, les religions se sont adaptées relativement rapidement à cette modernité technologique ou dans certains cas ont été pionnières en la matière.
Aujourd’hui, le phénomène religieux – religions instituées ou religieux plus diffus – est pleinement présent sur la toile, Internet pouvant même devenir lui-même objet de croyance ou de culte.
L’objet de ce colloque international est d’explorer les rapports entre internet et religions en les replaçant dans des contextes culturels précis, notamment en repérant les représentations de l’espace et du temps et les usages de l’écrit et de l’image dans chacun de ces contextes.
Il ne s’agit pas de faire ici un état des lieux de la présence et des usages du religieux sur internet, mais de privilégier l’analyse en profondeur des relations entre l’un et l’autre. Cette analyse implique aussi une réflexion méthodologique sur la manière dont le chercheur s’empare de ce nouveau terrain qu’est Internet.
Dans cette optique, nous avons identifié trois axes principaux qui structureront trois sessions du colloque :
1- Les concepteurs et les usagers du paysage virtuel religieux.
S’il paraît aisé de dresser une analyse du contenu des sites qui sont à notre disposition en raison de leur visibilité (par essence), il est indispensable de cerner la réception dont ils sont l’objet et les usages qui en sont faits, même si leur évaluation est a priori beaucoup moins évidente. On pourra envisager différentes questions :
– Qui sont les « concepteurs » (ceux qui créent ces sites – contenu et agencement) : institutions religieuses, leaders autoproclamés, mouvements radicaux… ? Cette question renvoie à celle de l’autorité et de la légitimité religieuses, des contre-pouvoirs, y compris des oppositions laïques, ou des dissidences. Elle renvoie aussi à la présence de plus en plus fragmentée d’acteurs hors des cadres institués.
– Qu’est ce qu’une institution religieuse, un courant religieux ou un leader religieux, donnent à voir d’eux-mêmes en termes de contenus, d’images, d’identités virtuelles… ? A quels publics s’adressent-ils ?
– Quelle place pour la régulation des sites et quels en sont les éventuels acteurs ?
– Comment les usagers investissent-ils ces espaces : type de participation, interactions entre internautes, usages directs ou détournés, liberté, contrainte, anonymat, temps de connexion… ?
2- Quel est l’impact d’Internet sur le religieux?
S’agit-il d’un média de plus dans la diffusion des contenus, ou Internet produit-il des changements en profondeur et si oui dans quels domaines et de quelles façons ? On pourra envisager différentes questions :
– Renforcement de l’ancrage local ? Intensification de la globalisation religieuse ?
– Les rituels sont-ils transformés ou renouvelés ?
– Formes de la jurisprudence religieuse (fatwas, responsa…) et demandes de conseils sur les blogs, forums, réseaux sociaux…
– Marketing et tous services religieux sur internet : agence matrimoniale, géo-localisation de commerces religieux ou de lieux de culte, vente de produits religieux…On considèrera ici non seulement les propositions de services mais également les usages qui en sont faits.
– Internet conduit-il à la création de nouvelles religions ?
3- Quelles articulations entre le virtuel et le réel ?
– Quand et comment passe-t-on du virtuel au réel et inversement ?
– Qu’est-ce que cela implique au niveau de l’organisation et de la perception du temps et de l’espace ?
– Présence/absence des corps dans un certain nombre d’activités religieuses : conversion, confession, rituels…
– Le religieux n’a-t-il pas toujours été en prise avec le virtuel, par la communication qu’il suppose avec le surnaturel ?
Les communications proposées devront s’appuyer sur des terrains spécifiques.
Tous les contextes culturels et religieux pourront être présentés.
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Les propositions de communication au colloque international « Le religieux sur Internet » sont à envoyer avant le 30 septembre 2012 à l’adresse suivante : afsr@afsr.cnrs.fr
Elles devront comprendre :
– Un titre
– Le nom et le rattachement du communicant
– Un résumé d’environ 1500 signes en français et en anglais, faisant apparaître notamment l’axe auquel la communication se rattache, la méthodologie employée et le contexte culturel étudié.
- La communication (présentée en anglais ou en français) durera 20 mn
- Les intervenants devront être membres de l’AFSR ou y adhérer (http://www.afsr.cnrs.fr/)
- Les actes du colloque donneront lieu à publication
Comité organisateur :
- Fabienne Duteil-Ogata, Laboratoire d’anthropologie urbaine (LAU), IIAC/ EHESS-CNRS, fabdutogata@yahoo.fr
- Isabelle Jonveaux, Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux(CEIFR/EHESS-CNRS) et Université de Graz (Autriche) isabelle.jonveaux@uni-graz.at
- Liliane Kuczynski, Laboratoire d’anthropologie urbaine (LAU), IIAC/ EHESS-CNRS, kuczynski@ivry.cnrs.fr
- Sophie Nizard, Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux (CEIFR/EHESS-CNRS) snizard@ehess.fr
Pour informacion: http://calenda.revues.org/nouvelle24671.html